"Être un homme en 2015"

19/06/2015 17:13

Compte-rendu :

La question a donné lieu à un débat animé et passionnant qui s’est poursuivi bien au-delà des 2 heures consacrées ce mercredi soir au Café des Genres.

L’exercice était très difficile et je remercie vivement les hommes présents pour leur participation sincère.

 

Plusieurs idées ont été dégagées, la plus importante semble être que le bouleversement de l’organisation de la société intervenu au 20ème siècle a beaucoup déstabilisé les hommes. Les rôles masculins et féminins ont été mélangés et redistribués comme un jeu de carte pour une nouvelle partie.

La question du masculin aujourd’hui tourne autour de ce que les hommes choisissent de faire de leurs nouvelles cartes.

    Certains sont si imprégnés de l’ordre social ancien, qu’ils se retrouvent perdus dans ce nouveau monde dont ils ne reconnaissent pas le fonctionnement ni les valeurs. Ils ne savent plus où est leur place. Ils se raccrochent coûte que coûte aux valeurs traditionnelles et ne pourront considérer comme masculin que ce qui l’a toujours été (travailler pour nourrir sa famille, commander à la maison, etc.).

    D’autres au contraire vont trouver dans ces nouvelles cartes des opportunités de faire ce qui leur plaît sans s’inquiéter de ce que la société attend d’eux en tant qu’hommes. Faire ce qui n’était pas permis avant, comme s’occuper davantage des enfants, ne pas être le seul à travailler au foyer, affirmer des goûts et des choix personnels indépendants de leur condition masculine, etc.

Tenter de définir « être un homme » nous a fait voyager dans le temps et les sociétés. Là où être un homme ou une femme se définit par un rôle donné, imposé par le sexe de naissance.

Aujourd’hui, ici, les rôles ne sont plus attribués sur ce critère, chacun peut choisir les rôles qui lui conviennent.

Donc, comment définir le masculin sans s’appuyer sur le rôle de l’homme dans la société ?

Cette question en appelle une autre : un homme se définit-il uniquement par ce qu’il fait ? Quelle est la part de l’Être ?

Une autre idée importante de ce Café des Genres est que l’homme se définit dans l’action.

L’homme « maîtrise le gourdin », il est maître de son destin.

Pour être un homme il faut faire (une activité quelle qu’elle soit) à la façon d’un homme. Il faut porter son costume d’homme pour se sentir et être un homme.

L’homme de 2015 doit trouver lui-même le costume qui lui va bien. C’est à la fois une grande liberté, puisque tout est possible, et très compliqué car les normes sociales ne sont plus le cadre solide et rassurant d’avant.

 

L’homme se définit aussi par rapport à l’extérieur : le regard des autres, les attentes des femmes, les attentes de la société.

Je n’ai pas réussi à faire dire aux hommes ce que c’était qu’être un homme tout simplement. Les réponses tournaient autour de : être un homme c’est faire ceci, c’est être comme cela, etc.

Les hommes ont besoin d’avoir un rôle spécifique pour se sentir homme et que ce rôle soit reconnu par un regard extérieur.

D’ailleurs, les hommes présents ont voulu savoir ce que pouvait représenter l’homme idéal pour les femmes présentes.

Messieurs, sachez qu’à cette question il existe autant de réponses qu’il y a de femmes, … et même plus !

 

Beaucoup de choses ont été dites sur ce sujet, il est loin d’être épuisé et nous y reviendrons.

En conclusion de ce compte-rendu  je citerai la 1ère remarque, lancée par un homme, lors de ce brainstorming convivial :

L’homme est un cerveau avec un pénis.

 

MT

 

Mercredi 17 juin 2015:

Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie

Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,

Ou, perdre d’un seul coup le gain de cent parties

Sans un geste et sans un soupir ;

 

Si tu peux être amant sans être fou d’amour,

Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre

Et, te sentant haï sans haïr à ton tour,

Pourtant lutter et te défendre ;

 

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles

Travesties par des gueux pour exciter des sots,

Et d’entendre mentir sur toi leur bouche folle,

Sans mentir toi-même d’un seul mot ;

 

Si tu peux rester digne en étant populaire,

Si tu peux rester peuple en conseillant les rois

Et si tu peux aimer tous tes amis en frère

Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;

 

Si tu sais méditer, observer et connaître

Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;

Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,

Penser sans n’être qu’un penseur ;

 

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,

Si tu peux être brave et jamais imprudent,

Si tu sais être bon, si tu sais être sage

Sans être moral ni pédant ;

 

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite

Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,

Si tu peux conserver ton courage et ta tête

Quand tous les autres les perdront,

 

Alors, les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire

Seront à tout jamais tes esclaves soumis

Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire,

 

                            Tu seras un Homme, mon fils.

 Rudyard Kipling, 1910

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